Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/109

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LE NOUVEAU-MONDE 91 Tous, rîant Ah ! ah !... le voilà pris, lui aussi ! Un ChÉROKÉE , criant, avec un baril sous le bras Le vin de canne !... Boire sirop d’érable bien bon ? TOM BURNETT, grommelant Hum !... C’est cher ! — Enfin, je suis sujet anglais : je donne l’exemple. Il tire un cheak-book de sa poche. L’Officier lui offre une plume trem- pée dans l’encrier qu’il porte au côté. — Tom Burnett signe le bon et déchire la feuille ; puis, avec une mauvaise humeur contenue.) Voici un chèque sur la banque de la ville. Allez, et que Dieu vous bénisse ! (L’officier s’éloigne.) — Vous le voyez, citoyens, je m’exécute le premier plutôt que de braver les lois. Je disais donc que les impôts commençaient à être assez lourds, en effet. (Rires.) Mais, aussi, quelles superbes opérations nous pouvons tenter si nous maintenons la bonne intelligence avec l’Angleterre ! J’ai les chiffres. Nos demandes d’objets manufacturés là-bas se sont multipliées d’une façon énorme, grâce au développement de notre industrie. En 1723, le total des importations, en Pensylvanie, n’était que de 15,000 livres ; aujourd’hui il s’élève à près de 500,000 livres ! Nos exportations (je parle de la seule Pensylvanie) ne sont encore que de 40,000 livres ! Elles vont doubler ! — Vous le savez aussi bien que moi, monsieur Eadie, qui avez l’air de rire, là bas !... Le quaker Eadie Je ne ris pas, monsieur. Tom Burnett C’est que je ne suis point dans les nuages, moi ; je plante du tabac, moi, — entendez- vous !