Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/154

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136 ACTE QUATRIEME STEPHEN, reprenant, tranquille, pendant que les projectiles et les flèches frappent le mur derrière lui — Soit ! J’achève et je te prends à témoin de mes pa- roles, drapeau troué de balles, déchiré de flèches, par- semé d’étoiles ! (D’un ton froid et austère :) Heureux ceux qui, comme nous, offrent leur sang pour cette grande cause ! Je dis que ce n’est pas en vain que le sang coule dans cette guerre et que nous ne le versons, en réalité, que pour concourir à cette œuvre (aujourd’hui future encore, mais déjà conce- vable), la Communion des peuples. (Rires sauvages dans l’éloignement.) Vanité que toute gloire conquise en vue d’un autre idéal ! Ce qui nous fait redoutables, c’est que nous le savons tous. — Ce n’est donc pas, seulement, pour sauvegarder nos deniers contre tel ou tel royaume, que nous sommes ici, ce soir. . . (Cris de soldats blessés. — Huées lointaines. — Un soldat tombe.) ...au milieu de la mort, menaçante et hurlante autour de nous, et, — voyez !.. que nous méprisons, impassibles et forts de notre grande foi ! — C’est parce que nous sentons qu’il appartiendra, peut-être, à l’Amérique délivrée, de hâter l’avènement, désormais assuré, de cette communion sublime. Vaudreuil, qui a écouté Stephen avec attention Ta main ! (Ils se serrent la main). M. O’Keene, au quaker Eadie Remarquez-vous ? Le commandant ne s’exalte jamais qu’à propos et toujours avec mesure ? RUTH, tout bas, à elle-même, contemplant Stephen Oh ! son cœur est illuminé ! Je comprends tout ce qu’il dit. Je l’aime. Mistress Andrews, à part Comme c’est triste, la vengeance !