Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/26

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8 ACTE PREMIER Lady Cecil Cesse ce jeu qui me fait mal, je t’en prie ! Mary Imagine-toi que je suis ton cœur qui te parle à voix basse ! (Tout bas). Il est en Virginie..., il s’appelle — Stephen, n’est-ce pas ? Lady Cecil Juste ciel ! qui t’a dit ce nom ? Mary Est-ce que tu ne rêves pas seule ?... (Toujours à voix basse ; ) Oui, c’est un cœur plein de liberté, qui t’aimera jusqu’au dernier battement !... Riche, il devait te revenir... — Infi- dèle ! Lady Cecil Deux années ! Sans lettres ! Sans nouvelles ! — Va, celui dont tu parles m’a bien oubliée. Mary Ah ! tu sais bien que c’est impossible ! Lady Cecil Tais-toi ; j’ai dû céder aux instances, aux ordres, même, de ma mère mourante ! — Le comte Cecil représentait de grands privilèges pour les miens : c’était un appui futur pour notre chère et triste Irlande !... J’ai fait mon devoir. Mary, douce Ton devoir, c’était d’aimer — et non de consentir à cette union sans amour. Le comte Cecil t’a délaissée : son pre- mier baiser, le soir des noces, fut un baiser d’adieu. Main- tenant, à Londres, dans les plaisirs, il t’oublie...