Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/27

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LP : NOUVP]AU-MONDE Lady Cecil Songe que lord Cecil est membre du Parlement et con- seiller du roi George : il appartient à la patrie. Mary Notre patrie, tu le sais bien, c’est l’Irlande. Lady Cecil D’ailleurs, je n’en doute pas, c’est à ma muette prière que le comte a cédé en s’éloignant ; il a compris que mon cœur lui était fermé pour toujours — et il est parti. Mary Sans souffrir de cette séparation, parce qu’il t’aimait peu ! Lady Cecil Dieu lui avait épargné un amour sans espoir. Va, c’est une âme délicate et fière ! — Je regrette qu’il n’ait pas été en mon pouvoir de lui donner en moi une épouse, un cœur libre. Mary , timidement Tu regrettes de n’avoir pas oublié Stephen ? Lady Cecil, avec une fermeté douce Silence, enfant !... Je suis la femme de lord Cecil. Ab- sent ou présent, il est ici. Son nom, son honneur, sont les miens. — J’ai accepté devant Dieu, d’une manière sacrée, ces deux choses, et je saurai les conserver intactes tant qu’elles me demeureront confiées. —Même s’il consentait à me les reprendre, je ne me jugerais pas dégagée de mon devoir envers elles. Aussi, prononcer le nom d’un homme que j’ai aimé et dont le seul souvenir peut me faire bat- tre le cœur est un manque de respect envers l’un et l’au- tre. — Puisque tu as surpris ce secret, comprends-moi, si tu m’aimes , et ne me fais plus inutilement souffrir en revenant jamais sur ce passé.