Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/51

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LF> NOUVEAU-MONDE 33 Mary Tu vois : — ces Français, ils plaisantent toujours, même avec des larmes dans les yeux ! Vaudreuil Cependant, Miss, nous autres, marins, nous avons foi dans les fiancées qui nous disent : Je vous attends. Mary, rieuse, tout bas, à Ruth Il t’appelle miss. RUTH, vivement et à voix basse Grand Dieu ! tais-toi. Mary, qui a regardé Ruth Mais, — comme tu es pâle ! Qu’y a-t-il donc ? Que s’est- il passé ? RUTH, toujours à voix basse Oh ! je t’en prie, silence ! (Haut, au chevalier.) Monsieur de Vaudreuil, je vous accorde la main de... votre fiancée. Vaudreuil Miss Ruth, c’est une cruelle joie que vous me donnez. Vous oubliez que mon devoir, mon honneur exigent que je parte, et ce soir même. RUTH, simplement Nous partons aussi. Mary, la regardant avec stupeur Nous !... pour la Virginie ? RUTH, de même, presque sombre Sur le champ ! Il le faut : — sans jeter un regard en ar- rière. — Je ne rentrerai pas dans la chambre où nous nous endormons chaque soir. — Nous partons. Un silence. Mary a tressailli et la regarde profondément.