Page:Villiers de L’Isle-Adam - Le Nouveau-Monde, 1880.djvu/88

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TO ACTE TROISIEME seaux-mouches. — Que dois-je faire ? Si je ne proclame rien je dérobe mon salaire de crieur public, (puisque j’ai adopté ce gagne-pain, ici, en attendant mieux.) — Si je parle, je serai (c’est le cas de le dire), la voix qui crie dans le désert ? — C’est étonnant, je suis comme cet aimable Bob ; je suis devenu, peu à peu, l’honnêteté même en foulant, depuis deux mois déjà, le sol américain ! J’ai des réticences d’her- mine. C’est cette belle nature qui me rafraîchit l’âme. (Il sonne une seconde fois. Un mugissement lui répond au loin.) Quelque buffle, qui croit que c’est un confrère. — Allons ! Personne encore ?... Tant pis ! Faisons notre devoir. (Déployant une affiche et lisant à haute voix.) — « Habitants de la Virginie, qui m’entourez, haletants d’impatience, vous êtes avertis qu’aujourd’hui, sur le coup de deux heures, les miliciens de Frédéricksbourg et les hommes de bonne volonté devront se rassembler à la clai- rière de la Forêt-Bleue, près Mont-Vernon, pour y délibérer sur les moyens de sauvegarder nos droits et notre argent des exigences blâmables de la mère-patrie. Et ce au nom du représentant à la Chambre des Bourgeois, major des milices, sir George Washington !. » (Il placarde l’affiche contre un arbre.) Là ! Ma conscience est tranquille. SCENE II MOSCONE, BOB, entrant à gauche, des fleurs à la main, puis à la fin MISTRESS ANDREWS Bob, couronné de roses Ah ! Moscone, le beau soleil ! Quelle joie dans la nature ! — J’ai cueilli ces modestes fleurs dans les sentiers de la forêt. Je voudrais rencontrer une femme, une autre moi- même...