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introduction

nouvelles est aujourd’hui plus fréquente que jamais : c’est que la facilité des échanges entre les divers pays rend beaucoup plus communs les croisements de races diverses d’une même espèce, croisements qui ont lieu dans les cultures, soit spontanément, soit par la volonté de l’homme, et qui sont le point de départ de variations sans nombre, parmi lesquelles celles qui ont un intérêt quelconque ont de grandes chances d’être remarquées et propagées.

Mais il y a une erreur contre laquelle doivent se tenir en garde les semeurs de profession et les amateurs, ceux surtout qui n’ont pas encore beaucoup d’expérience. C’est l’illusion qui consiste à se figurer qu’on est en possession d’une race nouvelle parce qu’on a trouvé dans un semis une forme qui parait intéressante. Les individus issus d’un semis de graines obtenues par croisement ne doivent être d’abord considérés que comme des unités, pouvant avoir une certaine valeur s’il s’agit d’arbres ou de plantes à existence prolongée et se multipliant par division, mais enfin comme de simples unités. Leur ensemble ne mérite le nom de race ou de variété que si la reproduction s’en fait, pendant plusieurs générations, avec un certain degré de fixité dans les caractères ; et presque toujours le travail vraiment difficile et méritoire, c’est celui de la fixation, travail long et délicat, par lequel on parvient, quand il est couronné de succès, à donner à la race nouvelle la régularité et l’uniformité de caractères sans lesquelles elle ne mérite pas d’être décrite et mise dans le commerce.

Beaucoup de races ainsi obtenues restent locales faute d’être connues suffisamment ; quelques-unes ne peuvent pas se reproduire fidèlement en dehors des conditions où elles ont pris naissance, et doivent être tirées à nouveau de leur lieu d’origine si l’on veut les conserver bien pures ; de là ces réputations locales qui sont un des ressorts du commerce horticole. On peut dire d’une façon générale, que la plupart des races domestiques, tout en se conservant suffisamment pures et franches quand elles sont cultivées et reproduites avec soin, gagnent néanmoins à être rajeunies de temps en temps par l’importation de semence reprise au berceau même de la race, ou dans l’endroit où l’expérience a démontré qu’elle se conserve le plus pure et le plus semblable à elle-même.

On peut se figurer aisément à combien de races diverses les plantes potagères les plus usuelles, répandues avec la civilisation sur la surface de la terre entière, ont dû donner naissance sous l’influence de climats si variés. Il serait impossible d’en dresser une liste tant soit peu complète ; aussi n’avons-nous cherché à décrire que les plus distinctes et les plus dignes d’être cultivées, mentionnant en outre quelques-unes des plus intéressantes à divers titres, parmi celles que nous ne pouvions décrire.

Autant que possible nous avons cultivé et vu vivantes les variétés décrites ou même simplement mentionnées ; mais aux renseignements ainsi recueillis