Page:Vinson - Manuel de la langue hindoustani.djvu/10

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lutte de deux conceptions diamétralement opposées, l’ancienne et la nouvelle, qui procèdent, l’une du principe d’autorité, l’autre du principe de liberté. Pour l’une, il convient d’aller de haut en bas, d’ordonner, de prescrire, de conduire fermement ; pour l’autre, il faut seulement faire réfléchir, aider, guider doucement. En ce qui concerne l’enseignement des langues, pendant de longs siècles, on s’est imaginé que le meilleur moyen de faire apprendre à quelqu’un une langue étrangère était de lui mettre en mains une grammaire pleine de règles et de préceptes compliqués, présentés dans un ordre conventionnel et factice, sans lien entre eux et dont on ne donnait point la raison d’être, puis un « cours de thèmes gradués » avec un vocabulaire spécial. La version n’était considérée que comme un exercice accessoire ayant pour principal résultat de faire écrire en bon français. Ce procédé avait le grand inconvénient d’ennuyer l’élève et de fatiguer le maître ; les progrès de l’étudiant étaient fort longs jusqu’au jour où il était parvenu à force de travail à savoir assez de mots pour déchiffrer seul un texte ; il pouvait alors continuer ses études sans s’embarrasser de l’empirisme grammatical.

Aujourd’hui nous partons de cette idée qu’il faut avant tout laisser à l’élève la plus grande somme possible d’initiative, j’allais dire de responsabilité. Il faut le laisser marcher à peu près seul, en se contentant de le guider et de lui donner les conseils de l’expérience. Nous lui mettons entre les mains une grammaire réduite à son minimum, c’est à dire exposant uniquement les éléments simples du langage méthodiquement ; classés suivant leur nature originelle ou leur fonction, et une série de textes que nous lui faisons lire, que nous lui apprenons à analyser et d’où il devra déduire lui-même les fameuses règles. La