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[contre-fort]
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dans les bâtisses élevées avec économie, n’ayant que des murs en moellonnages enduits, les contre-forts normands se composent d’assises inégales et souvent de carreaux posés en délit. Alors, quelquefois, les fenêtres éclairant les intérieurs sont percées dans l’axe même des contre-forts ; c’est un moyen d’éviter les fournitures de pierres qui devraient être faites pour former les jambages et archivoltes de ces fenêtres, si elles étaient percées entre les contre-forts. Il est entendu que ces baies ouvertes au milieu des piles ne peuvent appartenir qu’à des édifices non voûtés et couverts par des lambris en charpente.

Nous connaissons plusieurs exemples de cette disposition singulière, l’un dans l’église de Saint-Laurent près Falaise (5), l’autre dans celle de Montgaroult (Orne) (6), un troisième à Écajeul près Mézidon[1].

Nous donnons ailleurs, à l’article Construction, les procédés d’appareil employés pendant l’époque romane pour élever des contre-forts en pierre et les relier aux murs. Nous n’aurons donc à nous occuper ici que des formes données à ces points d’appui pendant le moyen âge.

On admettra facilement que les édifices étant très-simples à l’extérieur, avant le XIIe siècle, les contre-forts dussent participer à cette simplicité et qu’ils dussent aussi présenter des saillies assez faibles, puisque les murs étaient eux-mêmes très-épais. En effet, ils n’étaient guère alors qu’une

  1. Ces deux dessins nous sont fournis par M. Ruprich Robert, à qui nous devons une excellente restauration de l’église de la Trinité de Caen.