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[contre-fort]
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chaîne de pierre, saillante, renforçant les points d’appui principaux, et ils étaient terminés à leur sommet ainsi que l’indiquent les figures précédentes, ou ils se trouvaient couverts par la tablette de la corniche, conformément au tracé (7), ne débordant pas la saillie de celle-ci.


Mais lorsque au XIIe siècle le système de construction employé jusqu’alors fut modifié par l’école laïque, que cette école, laissant de côté les traditions romaines, put appliquer avec méthode les principes de la construction gothique, le contre-fort devint le membre principal de tout édifice voûté. Les murs ne furent plus que des remplissages destinés à clore les vaisseaux, des sortes d’écrans, n’ajoutant rien ou peu de chose à la stabilité. À l’extérieur alors, les contre-forts constituant à eux seuls les édifices couverts par des voûtes en maçonnerie, il fallut faire apparaître franchement leur fonction, leur donner des formes en rapport avec cette fonction, et les décorer autant que peut l’être tout membre d’architecture qui doit non-seulement être solide, mais conserver encore l’apparence de la force. Ce n’est cependant que par des transitions que les premiers architectes gothiques arrivent à oser donner aux contre-forts l’importance qu’ils devaient prendre dans des constructions de ce genre. Leurs premiers essais sont timides ; les traditions de l’architecture romane ont sur eux un reste d’influence à laquelle ils ne peuvent se soustraire brusquement. Il est clair que tout en voulant adopter, à l’intérieur, leur nouveau système de voûtes, ils cherchent à conserver, à l’extérieur des édifices, l’apparence romane à laquelle les yeux s’étaient habitués, ou que si, par force, les contre-forts doivent présenter un relief assez considérable sur le nu des murs, ils essayent de rappeler, dans la manière de les décorer, des formes d’architecture qui appartiennent plutôt à des piliers portant une charge verticale qu’à des piliers buttants. Ces tentatives sont évidentes dans le Beauvoisis, fertile en édifices voûtés de l’époque de transition. Nous en donnons deux