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exprimer des idées qui lui appartiennent. Il est en France, précisément dans la limite séparant les édifices à coupoles de ceux qui n’en comportent pas, un monument unique, étrange, dans lequel viennent, pour ainsi dire, se fondre les influences de l’art oriental avec les méthodes de construire adoptées dans le nord au commencement du XIIe siècle : c’est l’église de Loches[1].


Cette église, qui est à une seule nef, est divisée par quatre travées à plan carré chacune ; sur les deux travées extrêmes s’élèvent des clochers (voy. Clocher, fig. 27) ; mais sur les deux travées intermédiaires, au lieu de coupoles ou de voûtes d’arêtes, ce sont des pyramides creuses portées sur des encorbellements qui couvrent la nef (15). On peut, par la pensée, se rendre compte de l’effet que produit un intérieur voûté d’une façon aussi étrange. Ces énormes pyramides creuses, obscures à leur sommet, causent un sentiment de terreur indéfinissable. Les grands triangles en encorbellement qui leur servent de base ne sont que la

  1. S’il est un édifice qui dût mériter toute la sollicitude de l’administration, c’est l’église de Loches ; c’est un monument unique au monde, complet et d’une sauvage beauté. Il est à regretter qu’il soit à peu près abandonné, bien que sa conservation soit du plus haut intérêt pour l’histoire de l’art.