Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 5.djvu/442

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[ ÉPERONS ]
— 405 —

c’est-à-dire les petits chevaux de chevauchée habillés d’une selle très-peu élevée. Alors les jambes du cavalier descendaient au-dessous du niveau du ventre de la bête, et, pour lui faire sentir l’éperon, il fallait fortement plier la jambe. Le talon décrivant ainsi une portion de cercle, pour que la pointe frappât le roussin normalement et ne l’écorchât pas, la tige devait être inclinée.

Ces éperons de bronze ou de fer étaient habituellement dorés.

Les éperons d’or ou dorés étaient une marque de chevalerie :

« Esperuns d’or ad en ses piez fermez[1]… »

et quand un chevalier avait forfait, on lui coupait les éperons, comme aujourd’hui on arrache les épaulettes au soldat dégradé.

Voici un chevalier que Fromons trouve trop jeune pour combattre.

« Vous estes vieus et chenus et floris,
« Reposez-vous et faites vos délis ;
« Et cil voudra la guerre maintenir[2]… »

lui répond le jeune chevalier.

« Fromons l’oït, à pou n’enrage vis :
« — Sire Bernars. vous m’avez aati… »

reprend le vieillard.

  1. La chanson de Roland, st. xxvi.
  2. Li Romans de Garin, édit. de M. P. Paris, t. ii, p. 144.