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[ ÉPERON ]
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« — Que me clamez vieillart et rasotti ;
« Encor puis bien sur mon cheval saillir
« A grant besoing, et mon droit maintenir.
« Au grant estor[1] demain vous en envi ;
« Et ciel qui pis ou de moi ou de ti
« Le fera, oncles, savez que je vos di ?
« Li espérons li soit coupés parmi
« Près du talon, au branc d’acier forbi. »


Les éperons étaient la première pièce d’adoubement de l’homme d’armes qu’on faisait chevalier. On les lui bouclait aux talons, pendant qu’il était agenouillé devant le parrain, avant l’accolade.

Il est non-seulement question d’éperons dorés, mais enrichis encore de pierreries, d’inscriptions, de nielles.

Voici une paire d’éperons de fer datant du commencement du xive siècle, qui est décorée (fig. 6[2]) de gravures et des lettres vicu[3] sur les deux branches. Les molettes de ces éperons sont grandes et à six pointes. L’appendice A est destiné à empêcher les branches de se relever sur le tendon d’Achille, lorsqu’on appuie la molette contre les flancs du cheval.

Les éperons conservent la forme de la figure 6 pendant le cours du xive siècle, les branches étaient très-cambrées pour laisser la place des alvéoles. Mais, à la fin du xive siècle, déjà apparaissent les mo-

  1. « Au grand tournoi. »
  2. De la collect. de M. W. H. Riggs.
  3. Peut-être abrév. de victuralis ou victerius, qui conduit, voiturier.