Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/12

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places parmi ceux qui président aux longs mois, entre Érigone et le brûlant Scorpion, qui déjà retire devant toi ses serres enflammées et te cède le plus grand espace des cieux ; quelle que soit enfin la place qui t’attend dans l’Olympe (car les Enfers n’oseraient se flatter de t’avoir jamais pour roi ; et jamais le triste empire des morts ne pourra tenter ton ambition, bien que la Grèce vante les merveilles des champs Élysées, et que Proserpine résiste aux prières de sa mère qui la redemande), ô César, rends facile à mes pas la carrière où je vais entrer ; favorise d’un regard mon audacieuse entreprise, et, prenant en pitié nos laboureurs égarés, daigne les guider avec moi dans les routes nouvelles que j’ouvre à leur ignorance, et accoutume-toi dès à présent à t’entendre nommer dans nos vœux.

Lorsque, au retour du printemps, la neige se fond et s’écoule du haut des montagnes longtemps blanchies, lorsque la terre amollie cède à la douce haleine des Zéphyrs ; que dès ce moment le taureau commence à gémir sous le joug de la charrue, et que le soc, rouillé par un long repos, sorte luisant du sillon. Une terre répond enfin aux vœux de l’avide laboureur, quand elle a deux fois subi les rigueurs de l’hiver, deux fois éprouvé les chaleurs de l’été ; c’est alors seulement qu’il voit ses greniers crouler sous le poids de ses immenses récoltes.

Mais avant que le soc ouvre le sein d’une terre inconnue, sache