Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/193

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« Jusqu’au soir où la voix encore insoupçonnée,
La voix d’aube, la voix claire, la voix innée
De mon être latent, obscur, tout engourdi
Dans sa torpeur de bête illusoire, m’a dit :


« Monstre à la robe fauve, au poitrail de brute,
Quoique le Pelion et TOssa répercutent
Ta vanité sonore et tes hennissements,
Tu t’ignores toujours à toi-même et tu mens
Aux aspirations d’âme dont tu palpites.
Ô crédule insensé ! parce que les Lapithes
N’ont pas voulu fixer sur tes membres veinés
Le terrible frisson de leurs traits empennés ;
Parce que, tu connus l’immortelle clémence
Des antiques forêts et des brandes immenses ;
Parce que bien repu de venaison et las,
Au soir de tes exploits champêtres, tu moulas
Ton ventre dans la glaise et dans les fondrières,
Et que tu sus prévoir l’attaque meurtrière
Par tes jarrets cerclés de grands muscles de fer ;
Parce que tu n’as point médité ni souffert,
Ni pleuré par l’amour, ni gémi sur les causes,
Le principe et la fin qui dérobent les choses
À notre esprit étroit, inapte à contenir