Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/199

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Avant que d’informer les corps pétris de terre ;
Hors l’invisible environnant ; hors le mystère,
Dont l’effluve exalé baigne notre horizon ;
Hors les miroirs de la Nature où nous lisons
Le soir au bord des bois notre âme qui s’allonge ;
Rien n’est perçu, rien n’est réel, tout est mensonge.


« Et pour mieux parcourir en moi l’orbe des cieux,
J’ai crevé ma paupière et j’ai fermé les yeux
Au soleil mensonger des apparences vaines.


« Alors un sang régénéré gonflant mes veines,
Je m’élançai drapé dans mon humilité
Jusqu’au bas des remparts de la jeune cité,
Inexpugnable avec ses murailles rocheuses,
Couvertes d’épiniers et de ronces lépreuses,
Et ses créneaux taillés au marbre du péché
Par les vils mécréants destructeurs de Psyché.
C’est là que sommeillait, mort à toute espérance,
Tout un peuple sauvage et captif d’ignorance,
Après avoir bâti lui-même sa prison,
Et rivé son boulet au mur de la raison ;