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rapports de coordination attestent l’eurythmie des éléments composants associés et l’on ne voit pas, par exemple, comment se pourraient séparer les tragédies de Racine de leur lieu d’élaboration, la cour de Louis XIV.

Et puis et surtout, la nature par son tout continu se prête à de multiples interprétations. Ou plutôt, à mesure que nos sens s’affinent, que notre intelligence s’élargit, plus cosmopolite, plus compréhensive, le prisme à travers lequel se réfracte le réel change de couleur. Nous ne percevons jamais qu’une nuance, celle-là seule qui dans l’état actuel de nos mœurs, de nos institutions, s’assortit le mieux avec notre mentalité momentanée. La nature est un immense réservoir d’images et de sensations. Impuissant à embrasser tout le réel, chaque siècle n’y puise que ce qu’il est capable d’en digérer. Les fonctions organiques du corps social à telle ou telle époque règlent le pouvoir d’absorption et le pouvoir de rayonnement de cette même époque.

De ces généralités il ressort que l’esthétique n’appartient pas uniquement au domaine de la psychologie. Cette science du Beau, à la pousser à sa limite, à la creuser jusqu’aux principes, on lui découvre des racines profondes qui tiennent à la constitution de notre être. Elle lance des prolongements