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UNE FEMME M’APPARUT…

sistai pour voir Ione, ne fût-ce que pendant l’éclair d’une seconde. Et, après de douloureuses supplications, je franchis le seuil de sa chambre de malade.

Comment exprimer l’impression qui me maîtrisa, quand je la vis ? Un effroi démesuré paralysait en moi l’élan douloureux de la tendresse.

Ce n’était plus Ione… Elle était déjà morte. Ce qui, devant moi, s’agitait et grelottait de fièvre, c’était son cadavre tiède encore.

On avait coupé les cheveux bruns, ardents ainsi que les nuits d’automne. Les pauvres lèvres remuaient continuellement pour des paroles incohérentes. Les regards vagues, qui ne discernaient rien, se tournèrent vers moi. Ione me contempla longtemps, — je ne sais si elle me reconnut. Elle n’était plus qu’une souffrance obscure… L’effroyable énigme de cette personnalité abolie me glaçait… Et je restai, comme Ione, une souffrance obscure…

Pour la première fois, je comprenais toute l’horreur de la déchéance humaine…

La Misère, la Maladie et la Vieillesse sont