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UNE FEMME M’APPARUT…

des abîmes où s’anéantit l’espoir, parce qu’elles sont la Laideur irrémédiable.

Une terreur s’empara de moi devant ce qui avait été Ione. La Mort me paraissait moins implacable que cette métamorphose. Je n’avais plus qu’un instinct de fuite. Cette inconscience qui ne voyait plus, qui n’entendait plus, qui ne parlait plus, qui ne comprenait plus, pareille à l’enfance, à l’idiotie, à l’extrême vieillesse, c’était Ione ! — Ione, cette subtilité profonde, cette pensée, Ione, cette complexe intelligence !…

Mes yeux errèrent une dernière fois sur ce visage méconnaissable, sur ce front trop haut et trop vaste qui m’apparaissait presque difforme, tant il s’élargissait sur l’oreiller pâle.

On me fit sortir, et, lâchement, la tête entre les mains, je m’enfuis, je m’enfuis, je m’enfuis…