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UNE FEMME M’APPARUT…

ambition que puisse concevoir un écrivain ?

— La meilleure façon de se rapprocher de la nature, en écrivant, » interrompit Vally. « c’est de faire des fautes d’orthographe. »

Je regardai San Giovanni avec compassion.

« J’avoue que cette missive est du plus mauvais goût. Elle ne peut provenir que d’un professeur de l’Université ou d’un bibliothécaire.

— On ne saurait célébrer littérairement ce qui est inesthétique, » corrobora Vally, « et l’homme est l’Inesthétique par excellence. S’il n’y a qu’un petit nombre de femmes écrivains et poètes, c’est que les femmes sont trop souvent condamnées par les convenances à célébrer l’homme. Cela a suffi pour paralyser en elles tout effort vers la Beauté. Aussi, le seul poète-femme, dont l’immortalité est pareille à l’immortalité des statues, est Psappha, qui n’a point daigné s’apercevoir de l’existence masculine. Son œuvre n’en porte ni la trace ni la souillure. Car elle a célébré le doux langage et