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UNE FEMME M’APPARUT…

le sourire désirable d’Atthis, et non le torse musclé de l’imaginaire Phaon. »

San Giovanni contempla ma perverse bien-aimée avec cette reconnaissance que nous éprouvons pour ceux qui expriment, moins bien que nous-mêmes, certes, mais d’autre sorte, nos théories les plus sacrées.

« Je ne suis pas au bout de mes peines, » continua-t-elle. « Lisez encore cet article du secrétaire de l’Action Provinciale, que je viens de recevoir. La banalité de son style est pimentée d’une orthographe savamment fantaisiste. Il est regrettable que le fait d’écrire filozofie au lieu de philosophie ne puisse faire illusion sur la pauvreté des phrases et la misère de la pensée. Ce monsieur Bellebotte de Foyn, comme tous les petits provinciaux de lettres, est gonflé d’une vanité immense. Autant que Pétrus, il estime, en se souriant dans le miroir, que la séduction du mâle est si irrésistible qu’aucune femme ne saurait demeurer insensible à tant de charme. Laissez-moi vous lire cette phrase ineffable :

« Sapho, vraiment humaine, brûle enfin de