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UNE FEMME M’APPARUT…

unique l’asservissement de la femme à leur caprice stupide, à leur sensualité, à leur tyrannie injuste et féroce. Et comment ne point haïr un individu qui se présente à vous sous les espèces d’un maître ? Tout être intelligent et fier se révolte nécessairement contre le joug d’un autre être, parfois son égal, mais le plus souvent son inférieur.

— Ce visage hirsute, qui rappelle le gorille, suffirait à m’éloigner de l’amour masculin, » interjeta San Giovanni. « J’ai rêvé autrefois que j’étais affligée d’une barbe. Je n’oublierai jamais l’effroi et le dégoût avec lesquels je me contemplais dans une glace noire, un miroir de ténèbres. »

Elle s’arrêta, puis, très convaincue :

« Ah ! la laideur des hommes !

— Mais, parmi toutes ces missives plutôt décourageantes, » insistai-je, « il doit pourtant se trouver des témoignages d’admiration. »

Dans les yeux lointains de San Giovanni brûlèrent deux lueurs rousses.

« Ne me parlez pas de ces fausses admira-