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UNE FEMME M’APPARUT…

tions, qui ne sont qu’un inavouable mélange de curiosité malsaine et de vice agréablement chatouillé ! » se cabra la poétesse. « Je préfère toutes les attaques, toutes les insultes même, à ces admirations-là. Ma fierté les répudie et mon orgueil s’en offense. L’impudence de ces éloges n’a d’égale que leur inanité. Les hommes ne voient dans l’amour de la femme pour la femme qu’une épice dont se relève la fadeur des rites habituels. Mais, dès qu’ils se rendent compte que ce culte de la grâce et de la délicatesse n’admet point d’équivoque, point de partage, ils se révoltent contre la pureté de cette passion qui les exclut et les méprise. Quant à moi, » ajouta-t-elle, presque solennelle à force de sincérité, « j’ai exalté l’amour des nobles harmonies et de la beauté féminine jusqu’à la Foi. Toute croyance qui inspire l’ardeur et le sacrifice est une religion véritable.

— Toutes les religions sont véritables et pourtant aucune n’est vraie, » regrettai-je.

« Sauf la mienne, » affirma San Giovanni.

Elle continua, le front plus sombre :