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UNE FEMME M’APPARUT…

— Je ne sais si ma passion maladroite fut la seule cause de cette grande inintelligence de nos âmes. Certes, je t’ai importunée de ma méfiance ombrageuse. Mais n’était-elle point la conséquence logique de cette froideur méprisante que tu me témoignais ? Tu t’adressais à moi comme un maître brutal qui rudoie un serviteur négligent. Tu te plaisais à me blesser, et à donner à tes courtisans le spectacle de mon humiliation. Si ces multiples blessures m’étaient plus douces que les caresses d’une autre, elles m’étaient plus amères que la fin des espérances terrestres… Je ne te fais aucun reproche, Vally, ma Très Blonde et ma Bien-Aimée. Je t’ai immolé ma vie avec joie. Tu m’as fait connaître l’incomparable volupté du sacrifice, la merveilleuse douceur du renoncement. Je t’ai aimée d’un amour pieux, comme d’autres aiment leur Madone. En vérité, les prêtres et les moniales, qui répudient le siècle dans leur ferveur divine, n’ont point connu l’extase mystique avec laquelle j’ai tout abandonné pour te suivre. Tu es l’Inoubliable, Vally. Tu peux me chasser de