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UNE FEMME M’APPARUT…

tant t’aimer, » redisaient comme un refrain douloureux ses lèvres lasses de mes lèvres.

Quelquefois, elle me laissait entrevoir l’espérance de l’atteindre peut-être un jour.

« Tu comprendras plus tard le néant des plaisirs pour lesquels je te néglige. Et tu ne verras alors dans l’avidité avec laquelle je les recherche que ma crainte de les voir s’évanouir. »

Je voulus dompter pour elle mes tyrannies violentes, mes jalousies maladroitement passionnées. Vally me blâmait d’exiger une fidélité chrétienne, contre laquelle se révoltaient ses instincts de jeune Faunesse. Sa joie païenne éclatait en multiples amours. Elle avait pour symboles l’avril variable, l’arc-en-ciel et l’opale, tout ce qui brille et change selon le reflet de l’instant.

« Celui qui donne a le droit de demander en échange, » disais-je au temps où j’espérais encore retenir son âme fuyante. « Je te donne un amour loyalement unique ne puis-je te demander en retour une égale constance ? »