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UNE FEMME M’APPARUT…

visager l’avenir lorsque le présent est d’une intensité si douloureuse. Vous me plaindrez peut-être un peu, puisque vous êtes une amie loyale autant que subtile et tout à fait délicieuse lorsque vous ne faites point de psychologie.

Je n’ose vous baiser les mains, San Giovanni. Vous avez des mains presque viriles, des mains qui possèdent, qui prennent et qui gardent, mais ne s’abandonnent jamais. J’ai, comme vous le savez, la passion des mains, plus éloquentes que les visages.

Je me souviens comment Ione, pendant des heures, contemplait ses mains de malade aux matités d’anciens ivoires…

Je n’ose point non plus vous serrer la main en camarade, car vous avez des mains perverses, San Giovanni, et elles me déconcertent. J’ai trop l’inquiétude de leurs longs doigts sinueux. Toute réflexion faite, je vous dis très simplement : Au revoir.

Je quittai la divine Tolède pour m’abîmer dans le rêve mauresque. L’Alhambra fut pour moi un enchantement pieux. La sala de las Dos