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UNE FEMME M’APPARUT…

Hermanas me devint plus chère que toutes les autres. Par un soir de sortilège et de souvenir, je vis les Deux Sœurs royales, Zoraÿda et Zorahaÿda.

… Elles étaient assises l’une en face de l’autre, de chaque côté de la fontaine. L’eau chantante miroitait dans l’ombre, et leurs yeux ingénus riaient en la contemplant. Les joueuses de guzlas endormaient moins harmonieusement leur immuable rêverie. Parfois, les princesses modulaient une mélopée bizarre et leurs voix dominaient la musique de la fontaine.

Leurs regards, tout ensemble proches et lointains, se cherchaient à travers une brume de fraîcheur. Et, chaque fois que leurs yeux s’appelaient et s’avouaient ainsi, elles frémissaient d’une angoisse merveilleuse…

Mais la fontaine les séparait plus efficacement l’une de l’autre que toutes les portes du palais. La fontaine leur semblait l’obstacle infranchissable. Elles se souriaient pâlement à travers la brume d’eau… Jamais, elles n’osèrent s’asseoir l’une près de l’autre et se prendre les mains.