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UNE FEMME M’APPARUT…

Elle prit mon bras. Le frôlement de ce corps gracile m’enivrait. La conscience de ma force me grandissait à mes propres yeux. Je me sentais l’orgueil attendri de l’être qui domine et qui protège. J’aimais Dagmar d’être insoucieuse et frêle. J’aimais en elle l’enfant câline. Sa puérile perversité était un charme de plus, un charme de trouble et d’inquiétude.

… Une comète s’élança vertigineusement vers l’abîme nocturne. Elle montait, éperdue, jusqu’aux plus lointaines Pléiades. Les yeux de Dagmar la suivirent, étonnés et ravis, de larges yeux d’enfant… Puis, ce fut un bruit d’explosion, et une retombée de rayons d’azur.

« Oh » soupira Dagmar, « la neige d’astres bleus ! Les vois-tu ? les vois-tu ? »

Elle me tutoyait comme une enfant tutoie son petit camarade. Elle ne se rendait même pas compte de ce qu’elle disait, toute à l’extase de ces étoiles filantes, vertes, blanches et rouges.

« Que c’est beau, » murmurait-elle, « que c’est beau, cet éclair avant ces étoiles ! Voici que tout le ciel est blanc d’une voie lactée !… Mainte-