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UNE FEMME M’APPARUT…

— J’aime l’amour des femmes et celui des hommes, » avoua-t-elle. « Je ne partage point le farouche exclusivisme de San Giovanni et de toutes les femmes qui, pour l’amour des femmes, haïssent et méprisent l’amour des hommes. Mais je préfère le plus souvent à la rude véhémence des hommes l’incomparable tendresse féminine. »

Je la considérai.

« Joli poème de porcelaine, de quels mots assez fluides vous dire ma reconnaissance ? Je revis, pour avoir rencontré sur ma route le rêve de Saxe que vous êtes. »

Elle souriait toujours, sans répondre. Je contemplai longtemps ses lèvres entr’ouvertes de rose sauvage.

« Voulez-vous, » dit-elle, « m’emmener voir les feux d’artifice qu’on tire cette nuit ? J’adore les fusées ambitieuses, la pluie d’étoiles tombantes et les arcs-en-ciel brisés.

— Petite princesse, le plus humble d’entre vos courtisans attend avec docilité vos ordres les plus futiles. »