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UNE FEMME M’APPARUT…

votre conception de la tendresse et de la volupté. »

San Giovanni sourit bizarrement de son demi-sourire.

« Je vous ai dit combien mon enfance fut éloignée des rêveries impudiques. À dix-sept ans, j’ignorais tout de la bestialité sexuelle, malgré la liberté anglo-saxonne de mes lectures. Une jeune amie française, dont l’étroite éducation avait été très diligemment surveillée, me décrivit l’animalité des accouplements. Je l’écoutai avec un dégoût stupéfait et, tout d’abord, incrédule. Instinctivement, je me cabrai toute contre la laideur grotesque du rut humain.

« Les réflexions ultérieures ne dissipèrent point ma nausée.

« Mais, je m’absorbai bientôt en des pensées moins répugnantes. Une grande soif de justice m’enfiévra chimériquement. Je m’exaltai pour la femme méconnue, asservie par l’imbécile tyrannie masculine. J’appris à haïr le mâle, pour la basse férocité de ses lois et de sa morale im-