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UNE FEMME M’APPARUT…

exploitée, avilie, l’être écrasé sous le fardeau des préjugés et des règlements.

Or, cette femme s’est vendue, parfois même elle fut vendue, comme l’esclave du marché antique. Et ceux qui s’écartent de son chemin la nomment : Prostituée.

Le Prostitué vautre sa paresse dans des demeures aussi vastes que des palais. Des serviteurs vêtus, selon son caprice, de livrées pittoresques, exécutent silencieusement ses ordres. La grâce fine de ses chevaux attire les yeux que ravissent les belles formes animales. Le Luxe, cette réalisation de tous les songes de la terre, rayonne immuablement sur son chemin. Ses désirs s’incarnent en beauté. Les louanges éclatent autour de son orgueil. Il passe, le front dans la lumière, glorifié plus qu’un savant et plus qu’un apôtre.

Or, cet homme s’est vendu. Mais le Mariage a sanctifié le marché sous la voûte du temple. Des réjouissances solennelles ont salué l’acte vénal. Cet homme est béni par la religion, honoré par les mœurs et protégé par les codes, et moi seule le nomme : Prostitué.