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UNE FEMME M’APPARUT…

Cette femme s’est vendue par ignorance, par nécessité, parce que les lois du salaire sont impitoyables pour celle qui travaille, et que le seul métier féminin qui permette de vivre dans l’aisance est celui de la galanterie.

Cet homme s’est vendu, parce que, malgré des possibilités de labeur lucratif, il a préféré la mollesse à l’effort et l’opulence au respect de soi-même. Or, mille fois plus déchu moralement que la Prostituée, mille fois plus méprisable, le Prostitué jouit de tous les biens et de tous les honneurs de la terre.

Et moi seule l’ai nommé de son nom véritable Prostitué.


« Vous avez raison de blâmer le Prostitué, » approuva ma Prêtresse, « ce qui ne m’empêchera nullement de valser avec lui ce soir. Je délaisse les cités de l’étude pour un bal très frivole dans une maison de campagne voisine. M’accompagneras-tu, mon chevalier servant ?

— Non, » refusai-je avec douceur. « Je t’ai trop souvent suivie des yeux, triste jusqu’à