Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/128

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ent occupés par des bandes de Zéibeks. Nous partîmes sans tenir compte de l’avis, et nous nous engageâmes dans les défilés au nord de la montagne. Le dernier soir, comme nous voulions forcer l’étape pour arriver à la ville, la nuit nous prit dans les châtaigniers ; tandis que nous cherchions la route perdue, un coup de fusil partit dans le taillis, une voix nous cria d’arrêter, et cinq ou six de ces grands bandits, comme tu en as vu hier à Géiveh se pavanant sous leurs hauts bonnets et leurs belles armes, nous barrèrent le chemin. Le maître était brave, il voulut passer outre ; les Zéibeks se précipitèrent sur lui, le tuèrent sous mes yeux et emmenèrent son cheval chargé de ses effets ; pour moi, ils se contentèrent de me laisser meurtri de coups sous mon mulet.

Je fus recueilli par des bûcherons de l’Olympe, qui me soignèrent quelques jours. Quand je fus remis, je m’acheminai vers Brousse, me demandant une fois de plus ce qu’il adviendrait de moi ; fort inquiet, en outre, à cause de cette histoire du meurtre, car chez nous il ne faut jamais être mêlé à un crime ; c’est souvent dangereux pour les criminels et toujours pour les témoins. Aussi étais-je bien résolu de n’en parler à personne : ordinairement ces accidents s’oublient ; mais comme celui-ci avait eu lieu près de la ville, le consul du graineur l’apprit et alla trouver le pacha en réclamant prompte satisfaction. Tu sais qu’en pareille occasion, le pacha réussit rarement à mettre la main