Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/151

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et des arbustes. Un fouillis de vignes folles et d’églantines couvrait la bande de terrain entre le bord du précipice et le mur de l’abside, grimpant à celle-ci, plongeant dans celui-là. Les brindilles et les pousses de mai, les orties et les ciguës s’étaient rejointes sur la tombe nouvelle et la masquaient déjà. Les moines firent signe à deux petits chevriers de la plaine qui avaient accompagné l’évêque ; les enfants découvrirent la pierre en tirant chacun à soi une brassée de feuillages et de fleurs. Je les regardais faire, et je me souvenais d’avoir rêvé un jour quelque part, aux Uffizi, je crois, devant une vieille gravure de Marc-Antonio, qui représente, avec une composition semblable, une allégorie mythologique, « les Amours découvrant la Mort ».

La croix apparut. et je vis l’endroit où ce pauvre errant, battu par tant de fortunes, s’était enfin acquitté de vivre et avait trouvé un sommeil bien gagné. Le sort, étrange jusqu’au bout, semblait ne lui avoir accordé qu’un repos menacé dans cette poussière mal assurée, au sommet d’un rocher entre ciel et terre.

« Il y a quelque chose d’écrit là-dessus », remarqua l’évêque. Il montrait sur la pierre grise, en lumière sous le rayon de lune, des caractères grossièrement tracés au couteau, dont les entailles fraîches se découpaient en blanc.

« Ah ! c’est vrai, j’oubliais, continua le petit caloyer : ―