Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/150

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Je me souviens même à ce propos, ajouta l’igoumène, que le bruit ayant couru de votre arrivée à Larisse, le mourant témoigna l’espoir de vous voir aux Météores avant sa fin ; il disait que le voyageur annoncé devait être un Franc de Stamboul qu’il avait connu. »

A ce moment, le petit caloyer, qui se tenait en arrière avec une discrétion ecclésiastique et semblait brûler de se mêler à la conversation de ses supérieurs, s’avança timidement : « Voilà la chose, dit-il. C’est moi qui ai soigné Vanghéli, comme il s’en allait à Dieu ; mais sa tête, étant bien vieille, divaguait ; il racontait, sans que j’aie bien compris, qu’il avait une dette envers le voyageur franc, et qu’il regrettait de mourir sans pouvoir la payer. Il recommandait de dire à Votre Honneur qu’il ne pouvait rien lui donner en ce monde et n’avait rien de plus à lui apprendre, mais que Votre Honneur aille voir sa tombe, qui en saurait davantage. »

Saisi par le retour fortuit de cette vie lointaine dans la mienne, je me levai et demandai à voir la sépulture de Vanghéli. Nous nous rendîmes à quelques pas de là, au chevet de l’église où les moines continuent le long sommeil qu’ils sont venus commencer dans cette retraite. Dieu sait comment les lentes actions des siècles ont apporté sur ces plateaux de la terre végétale, où poussent courageusement des plantes