Page:Vogüé - Histoire orientales, 1880.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

J’avais compté sans le vent de l’Adriatique, qui ne permit pas d’atterrir et nous poussa droit sur Corfou. Je passai quelques jours dans l’île, cherchant un bâtiment à bord duquel je pusse me louer pour regagner la côte ; mais les bâtiments ne prenaient guère la mer, en ce temps de dangers et de misères. Comme je ne savais trop que faire de moi, je rencontrai sur le port d’autres échappés des bandes du Magne qui me proposèrent de me rendre avec eux chez le pacha de Janina ; il faisait comme nous la guerre au Grand-Seigneur, et on racontait qu’il recevait volontiers les soldats de l’armée de la croix que le hasard lui amenait. Nous passâmes à Prévésa, où on nous dit que les Turcs d’Ismaïl cernaient Janina et tenaient toute la montagne ; mais il y avait parmi nous un Souliote qui connaissait chaque sentier du Scombi et se chargea de nous mener en trois jours aux portes de la ville, ce qu’il fit. Là les Albanais s’emparèrent de nous et nous conduisirent au konaq, une