Aller au contenu

Page:Voiture - Lettres, t. 1, éd. Uzanne, 1880.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naire : de sorte que, si nous avions en usage cette loy qui permettoit de bannir les plus puissans en authorité ou en réputation, je croy que l’envie publique se dechargeroit sur vostre teste, et que monsieur le cardinal de Richelieu ne courroit pas tant de fortune que vous. Mais gardez-vous bien d’appeller vostre malheur ce qui n’est que le malheur du siècle, et ne vous plaignez plus de l’injustice des hommes, puis que tous ceux qui ont quelque valeur sont de vostre costé, et que vous avez trouvé entr’eux un amy que peut-estre vous pourrez perdre encore une fois. Au moins, je vous asseure que je feray tout ce qui me sera possible pour vous remettre en estât de le pouvoir faire, puis qu’aujourd’huy il y a tant de vanité à estre des vostres. J’en ay fait jusqu’icy une profession si publique que, si d’avanture je ne me puis empescher que je ne vous aime moins que de coustume, je vous jure que vous serez le seul à qui je l’oseray dire, et que je temoigneray tousjours à tout le monde que je suis autant que jamais, Monsieur, vostre, etc.




À Monseigneur le marquis de Rambouillet,
Ambassadeur pour le roy en Espagne.

LETTRE II.

Monseigneur, je n’eusse pas crû qu’il pûst arriver que je vous donnasse jamais quelque sujet de