Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
LES RUINES.

« Et d’abord les navigations des peuples maritimes et les caravanes des nomades d’Asie et d’Afrique leur ayant fait connaître la terre depuis les îles Fortunées jusqu’à la Sérique, et depuis la Baltique jusqu’aux sources du Nil, la comparaison des phénomènes de diverses zones leur découvrit la rondeur du globe, et fit naître une nouvelle théorie. Ayant remarqué que toutes les opérations de la nature, dans la période annuelle, se résumaient en deux principales, celle de produire et celle de détruire ; que, sur la majeure partie du globe, chacune de ces opérations s’accomplissait également de l’un à l’autre équinoxe ; c’est-à-dire que pendant les six mois d’été tout se procréait, se multipliait, et que pendant les six mois d’hiver tout languissait, était presque mort, ils supposèrent, dans la nature, des puissances contraires en un état continuel de lutte et d’effort ; et, considérant sous ce rapport la sphère céleste, ils divisèrent les tableaux qu’ils en figuraient en deux moitiés ou hémisphères, tels que les constellations qui se trouvaient dans le ciel d’été formèrent un empire direct et supérieur, et celles qui se trouvaient dans le ciel d’hiver formèrent un empire antipode et inférieur. Or, de ce que les constellations d’été accompagnaient la saison des jours longs, brillants et chauds, ainsi que des fruits et des moissons, elles furent censées des puissances de lumière, de fécondité, de création, et, par tran-