Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/248

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de propagation et d’établissement ont offert les mémés scènes de passion et d’événemens, toujours des disputes de mots, des prétextes de zèle, des révolutions et des guerres suscitées par l’ambition des chefs, par la fourberie des promulgateurs, par la crédulité des prosélytes, par l’ignorance du vulgaire, par la cupidité exclusive et l’orgueil intolérant de tous : enfin, tous verrez que l’histoire entière de l’esprit religieux n’est que celle des incertitudes de l’esprit humain, qui, placé dans un monde qu’il ne comprend pas, veut cependant en deviner l’énigme ; et qui, spectateur toujours étonné de ce prodige mystérieux et visible, imagine des causes, suppose des fins, bâtit des systèmes ; puis, en trouvant un défectueux, le détruit pour un autre non moins vicieux ; hait l’erreur qu’il quitte, méconnaît celle qu’il embrasse, repousse la vérité qui l’appelle, compose des chimères d’êtres disparates, et, rêvant sans cesse sagesse et bonheur, s’égare dans un labyrinthe de peines et de folie. »