Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/247

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c’est-à-dire dominante à l’exclusion des autres, lesquelles, par leur infériorité, devinrent des hérésies ; comment et par quels moyens de violence et de séduction cette religion s’est propagée, accrue, puis divisée et affaiblie ; comment, six cents ans après l’innovation du christianisme, un autre système se forma encore de ses matériaux et de ceux des juifs, et comment Mahomet sut se composer un empire politique et théologique aux dépens de ceux de Moïse et des vicaires de Jésus…

« Maintenant, si vous résumez l’histoire entière de l’esprit religieux, vous verrez que dans son principe il n’a eu pour auteur que les sensations et les besoins de l’homme ; que l’idée de Dieu n’a eu pour type et modèle que celle des puissances physiques, des étivs matériels agissant en bien ou en mal, c’est-à-dire en impressions de plaisir ou de doideur sur l’être sentant ; que, dans la formation de tons ces systèmes, cet esprit religieux a toujours suivi la même marche, les mêmes procédés ; que, dans tous, le dogme n’a cessé de représenter, sous le nom des dieux, les opérations de la nature, les passions des hommes et leurs préjugés ; que dans tous, la morale a eu pour but le désir du bien-être et Yaversion de la douleur ; mais que les peuples et la plupart des législateurs, ignorant les routes qui y conduisaient, se sont fait des idées fausses, et par là même opposées, du vice et de la vertu, du bien et du mal, c’est-à-dire de ce qui rend l’homme heureux ou malheureux ; que, dans tous, les moyens et les causes