Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/268

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esprit sont exactement ressemblans à leurs modèles ; qu’il réfléchit les objets correctement tels qu’ils existent. Or, cet effet ne peut s’obtenir qu’autant que ces objets peuvent être rapportés au témoignage, et soumis à l’examen des sens. Tout ce qui ne peut subir cette épreuve, est


par là même impossible à juger ; il n’existe à son égard aucune règle, aucun terme de comparaison, aucun moyen de certitude. D’où il faut conclure que, pour vivre en concorde et en paix, il faut consentir à ne point prononcer sur de tels objets, à ne leur attacher aucune importance ; en un mot, qu’il faut tracer une ligne de démarcation entre les objets vérifiables et ceux qui ne peuvent être vérifiés, et séparer d’une barrière inviolable le monde des êtres fantastiques, du monde des réalités ; c’est-à-dire, qu’il faut ôter tout effet civil aux opinions théologiques et religieuses. Voilà, ô peuples ! Le but que s’est proposé une grande nation affranchie de ses fers et de ses préjugés ; voilà l’ouvrage que nous avions entrepris sous ses regards et par ses ordres, quand vos rois et vos prêtres sont venus le troubler… ô rois et prêtres ! Vous pouvez suspendre encore quelque tems la publication solemnelle des lois de la nature ; mais il n’est plus en votre pouvoir de les anéantir ou de les renverser. Alors un cri immense s’éleva de toutes les parties de l’assemblée ; et l’universalité des peuples, par un mouvement unanime, témoignant