Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/39

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fantome ==

Cependant un bruit frappa mon oreille, semblable à l’agitation d’une robe flottante, et d’une marche à pas lents sur des herbes sèches et frémissantes. Inquiet, je soulevai mon manteau ; et, jetant de tous côtés un regard furtif, tout à coup à ma gauche, dans le mélange du clair-obscur de la lune, au travers des colonnes et des ruines d’un temple voisin, il me sembla voir un fantôme blanchâtre, enveloppé d’une draperie immense, tel que l’on peint les spectres sortant des tombeaux. Je frissonnai ; et tandis qu’ému d’effroi j’hésitais de fuir ou de m’assurer de l’objet, les graves accens d’une voix profonde me firent entendre ce discours : " jusques à quand l’homme importunera-t-il les cieux d’une injuste plainte ? Jusques à quand, par de vaines clameurs, accusera-t-il le sort de ses maux ? Ses yeux seront-ils donc toujours fermés à la lumière, et son cœur aux insinuations de la vérité et de la raison ? Elle s’offre par tout à lui, cette vérité lumineuse ; et il ne la voit point ! Le cri de la raison frappe son oreille ; et il ne l’entend pas ! Homme injuste ! Si tu peux un instant suspendre