Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/51

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entière. Sur la plage aride qui confine, tu n’aperçois plus de trace de splendeur, et cependant ici fut un entrepôt de richesses. Ici étaient ces ports iduméens, d’où les flottes phéniciennes et juives, côtoyant la presqu’ île arabe, se rendaient dans le golfe Persique, pour y prendre les perles d’Hévila, et l’or de Saba et d’Ophir. Oui, c’est là, sur cette côte d’Oman et de Bahrain, qu’était le siége de ce commerce de luxe, qui, dans ses mouvemens et ses révolutions, fit le destin des anciens peuples : c’est là que venaient se rendre les aromates et les pierres précieuses de Ceylan, les châles de Kachemire, les diamans de Golconde, l’ambre des Maldives, le musc du Tibet, l’aloës de Cochin, les singes et les paons du continent de l’Inde, l’encens d’Hadramaût, la myrrhe, l’argent, la poudre d’or et l’ivoire d’Afrique : c’est de là que prenant leur route, tantôt par la mer Rouge, sur les vaisseaux d’égypte et de Syrie, ces jouissances alimentèrent successivement l’opulence de Thèbes, de Sidon, de Memphis et de Jérusalem ; et que, tantôt remontant le Tigre et l’Euphrate, elles suscitèrent l’activité des nations assyriennes, mèdes, kaldéennes et perses ; et que ces richesses, selon l’abus ou l’usage qu’elles en firent, élevèrent ou renversèrent tour à tour leur domination. Voilà le foyer qui suscitait la magnificence de Persépolis, dont tu aperçois les colonnes ; d’Ecbatane, dont la septuple enceinte est détruite ; de Babylone, qui n’a plus que des monceaux de terre fouillée ; de Ninive,