Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/281

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On dirait qu’il chasse l’escorte
Des tendres Amours et des Ris ;
Sous vos magnifiques lambris
Ces enfants tremblent de paraître.
Hélas ! je les ai vus jadis
Entrer chez toi par la fenêtre.
Et se jouer dans ton taudis.
Non, madame, tous ces tapis
Qu’a tissus la Savonnerie[1],
Ceux que les Persans ont ourdis,
Et toute votre orfèvrerie,
Et ces plats si chers que Germain[2]
A gravés de sa main divine,
Et ces cabinets où Martin[3]
A surpassé l’art de la Chine ;
Vos vases japonais et blancs,
Toutes ces fragiles merveilles ;
Ces deux lustres de diamants
Qui pendent à vos deux oreilles ;
Ces riches carcans, ces colliers,
Et cette pompe enchanteresse,
Ne valent pas un des baisers
Que tu donnais dans ta jeunesse.




ÉPÎTRE XXXIV.


À MONSIEUR LE COMTE DE TRESSAN.


Tressan, l’un des grands favoris
Du dieu qui fait qu’on est aimable,
Du fond des jardins de Cypris,
Sans peine, et par la main des Ris,

  1. La Savonnerie est une belle manufacture de tapis, établie par le grand Colbert. (Note de Voltaire, 1757.)
  2. Germain, excellent orfèvre dont il est parlé dans le Mondain et le Pauvre Diable. (Id., partie dans l’édit. de 1757.)
  3. Martin, excellent vernisseur. (Id,. 1757.)