Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/282

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Vous cueillez ce laurier durable
Qu’à peine un auteur misérable,
À son dur travail attaché,
Sur le haut du Pinde perché,
Arrache en se donnant au diable.
Vous rendez les amants jaloux ;
Les auteurs vont être en alarmes ;
Car vos vers se sentent des charmes
Que l’Amour a versés sur vous.
Tressan, comment pouvez-vous faire
Pour mettre si facilement
Les neuf pucelles dans Cythère,
Et leur donner votre enjouement ?
Ah ! prêtez-moi votre art charmant,
Prêtez-moi votre main légère.
Mais ce n’est pas petite affaire
De prétendre vous imiter :
Je peux tout au plus vous chanter ;
Mais les dieux vous ont fait pour plaire.
Je vous reconnais à ce ton
Si doux, si tendre, et si facile :
En vain vous cachez votre nom ;
Enfant d’Amour et d’Apollon,
On vous devine à votre style.




ÉPÎTRE XXXV.


À MADEMOISELLE DE LUBERT[1],
QU’ON APPELAIT MUSE ET GRÂCE.


(1732)


Le curé qui vous baptisa
Du beau surnom de Muse et Grâce,

  1. Fille d’un conseiller au parlement. Elle était jeune, belle, aimait les plaisirs et faisait des livres. — C’est à elle qu’est encore adressée l’épître L.