Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
LOUIS LE DÉBONNAIRE.

nard, roi d’Italie, son neveu, qui vint lui prêter serment de fidélité, et dont il exila les amis.

816. Étienne IV est élu évêque de Rome et pape par le peuple romain, sans consulter l’empereur ; mais il fait jurer obéissance et fidélité par le peuple à Louis, et apporte lui-même ce serment à Reims. Il y couronne l’empereur et sa femme Irmengarde. Il retourne à Rome au mois d’octobre, avec un décret que dorénavant les élections des papes se feraient en présence des ambassadeurs de l’empereur.

817. Louis associe à l’empire son fils aîné Lothaire : c’était bien se presser. Il fait son second fils, Pepin, roi d’Aquitaine, et érige la Bavière avec quelques pays voisins en royaume pour son dernier fils Louis. Tous trois sont mécontents : Lothaire, d’être empereur sans pouvoir ; les deux autres, d’avoir de si petits États ; et Bernard, roi d’Italie, neveu de l’empereur, plus mécontent qu’eux tous.

818. L’empereur Louis se croyait empereur de Rome, et Bernard, petit-fils de Charlemagne, ne voulait point de maître en Italie. Il est évident que Charlemagne, dans tant de partages, avait agi en père plus qu’en homme d’État, et qu’il avait préparé des guerres civiles à sa famille. L’empereur et Bernard lèvent des armées l’un contre l’autre. Ils se rencontrent à Châlons-sur-Saône. Bernard, plus ambitieux apparemment que guerrier, perd une partie de son armée sans combattre. Il se remet à la clémence de Louis son oncle. Ce prince fait crever les yeux à Bernard, son neveu, et à ses partisans. L’opération fut mal faite sur Bernard : il en mourut au bout de trois jours. Cet usage de crever les yeux aux princes était fort pratiqué par les empereurs grecs, ignoré chez les califes, et défendu par Charlemagne. Louis était faible et dur ; et on l’a nommé Débonnaire[1].

819. L’empereur perd sa femme Irmengarde. Il ne sait s’il se fera moine ou s’il se remariera. Il épouse la fille d’un comte bavarois, nommée Judith ; il apaise quelques troubles en Pannonie, et tient des diètes à Aix-la-Chapelle.

820. Ses généraux reprennent la Carniole et la Carinthie sur des barbares qui s’en étaient emparés.

821. Plusieurs ecclésiastiques donnent des remords à l’empereur Louis sur le supplice du roi Bernard son neveu, et sur la captivité monacale où il avait réduit trois de ses propres frères, nommés Drogon, Thierri, et Hugues, malgré la parole donnée à

  1. Mauvaise traduction de pius, pieux.