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ANNALES DE L’EMPIRE.

1080. Pendant qu’on se bat en Allemagne, Grégoire VII, échappé aux Lombards, excommunie de nouveau Henri, et par sa bulle du 7 mars : « Nous donnons, dit-il, le royaume teutonique à Rodolphe, et nous condamnons Henri à être vaincu. »

Il envoie à Rodolphe une couronne d’or avec ce mauvais vers si connu :

Petra dedit Petro, Petrus diadema Rodolpho.

Henri IV, de son côté, assemble trente évêques et quelques seigneurs allemands et lombards à Brixen, et dépose le pape pour la seconde fois aussi inutilement que la première[1].

Bertrand, comte de Provence, se soustrait à l’obéissance des deux empereurs, et fait hommage au pape. La ville d’Arles reste fidèle à Henri.

Grégoire VII se fortifie de la protection des princes normands, et leur donne une nouvelle investiture, à condition qu’ils défendront toujours les papes.

Grégoire encourage Rodolphe et son parti, et leur promet que Henri mourra cette année. Mais dans la fameuse bataille de Mersebourg, Henri IV, assisté de Godefroi de Bouillon, fait retomber la prédiction du pape sur Rodolphe son compétiteur, blessé à mort par Godefroi même.

1081. Henri se venge sur la Saxe, qui devient alors le pays le plus malheureux. Avant de partir pour l’Italie, il donne sa fille Agnès au baron Frédéric de Stauffen, qui l’avait aidé, ainsi que Godefroi de Bouillon, à gagner la bataille décisive de Mersebourg, Le duché de Souabe est sa dot. C’est l’origine de l’illustre et malheureuse maison de Souabe.

Henri, vainqueur, passe en Italie. Les places de la comtesse Mathilde lui résistent. Il amenait avec lui un pape de sa façon, nommé Guibert ; mais cela même l’empêche d’abord d’être reçu à Rome.

1082. Les Saxons se font un fantôme d’empereur : c’est un comte Hermann à peine connu.

1083. Henri assiége Rome. Grégoire lui propose de venir encore lui demander l’absolution, et lui promet de le couronner à ce prix. Henri pour réponse prend la ville. Le pape s’enferme dans le château Saint-Ange.

Robert Guiscard vient à son secours, quoiqu’il eût eu aussi quelques années auparavant sa part des excommunications que

  1. Voyez page 298.