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ANNALES DE L’EMPIRE.



ALBERT Ier D’AUTRICHE,
trentième empereur.

1298. Albert d’Autriche commence par remettre son droit aux électeurs, afin de le mieux assurer. Il se fait élire une seconde fois à Francfort, puis couronner à Aix-la-Chapelle par l’archevêque de Cologne.

Le pape Boniface VIII ne veut pas le reconnaître. Ce pape avait alors de violents démêlés avec le roi de France Philippe le Bel[1].

1299. L’empereur Albert s’unit incontinent avec Philippe, et marie son fils aîné Rodolphe à Blanche, sœur du roi. Les articles de ce mariage sont remarquables. Il s’engage de donner à son fils l’Autriche, la Stirie, la Carniole, l’Alsace, Fribourg en Brisgau, et assigne pour douaire à sa belle-fille l’Alsace et Fribourg, s’en remettant pour la dot de Blanche à la volonté du roi de France.

Albert fait part de ce mariage au pape, qui, pour toute réponse, dit que l’empereur n’est qu’un usurpateur, et qu’il n’y a d’autre César que le souverain pontife des chrétiens.

1300-1301. Les maisons de France et d’Autriche semblaient alors étroitement unies par ce mariage, par leur haine commune contre Boniface VIII, par la nécessité où elles étaient de se défendre contre leurs vassaux : car, dans le même temps, la Hollande et la Zélande, vassales de l’empire, faisaient la guerre à Albert, et les Flamands, vassaux de la France, la faisaient au roi Philippe le Bel.

Boniface VIII, plus fier encore que Grégoire VII, et plus impétueux, prend ce temps pour braver à la fois l’empereur et le roi de France. D’un côté il excite contre Philippe le Bel son frère Charles de Valois ; de l’autre, il soulève des princes de l’Allemagne contre Albert.

Nul pape ne poussa plus loin la manie de donner des royaumes. Il fait venir en Italie ce Charles de Valois, et le nomme vicaire de l’empire en Toscane. Il marie ce prince à la fille de Baudouin II, empereur de Constantinople, dépossédé, et déclare hardiment Charles de Valois empereur des Grecs. Rien n’est plus

  1. Voyez tome XI, page 515.