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ANNALES DE L’EMPIRE.

conclure. Il le tira au milieu de la mêlée, dans un moment où ses troupes pliaient, et pria Dieu, qui punit les parjures, de venger cet outrage fait aux lois des nations. Le roi Vladislas fut percé de coups. Sa tête, coupée par un janissaire, fut portée en triomphe de rang en rang dans l’armée turque, et ce spectacle acheva la déroute.

Quelques-uns disent que le cardinal Julien, qui avait assisté à la bataille, voulant, dans sa fuite, passer une rivière, y fut abîmé par le poids de l’or qu’il portait ; d’autres disent que les Hongrois mêmes le tuèrent. Il est certain qu’il périt dans cette journée.

1445. L’Allemagne devait s’opposer aux progrès des Ottomans ; mais alors même Frédéric III, qui avait appelé les Français à son secours contre les Suisses, voyant que ses défenseurs inondent l’Alsace et le pays Messin, veut chasser ces alliés dangereux.

Charles VII réclamait le droit de protection dans la ville de Toul, quoique cette ville fût impériale. Il exige au même titre des présents de Metz et de Verdun. Ce droit de protection sur ces villes dans leurs besoins est l’origine de la souveraineté qu’enfin les rois de France en ont obtenue.

On fait sur ces frontières une courte guerre aux Français, au lieu d’en faire aux Turcs une longue, vive, et bien conduite.

La guerre ecclésiastique entre le concile de Bâle et le pape Eugène IV dure toujours. Eugène s’avise de déposer les archevêques de Cologne et de Trêves, parce qu’ils étaient partisans du concile de Bâle. Il n’avait nul droit de les déposer comme archevêques, encore moins comme électeurs. Mais que fait-il ? il nomme à Cologne un neveu du duc de Bourgogne, il nomme à Trêves un frère naturel de ce prince : car jamais pape ne put disposer des États qu’en armant un prince contre un autre.

1446. Les autres électeurs, les princes, prennent le parti des deux évêques vainement déposés. Le pape l’avait prévu : il propose un tempérament, rétablit les deux évêques ; il flatte les Allemands, et enfin l’Allemagne, qui se tenait neutre entre l’antipape et lui, reconnaît Eugène pour seul pape légitime. Alors le concile de Bâle tombe dans le mépris, et bientôt après il se dissout[1] insensiblement de lui-même.

1447. Concordat germanique. Ce concile avait du moins établi

  1. Les pères du concile de Bâle, en se séparant, au mois de mai 1443, déclarèrent que ce concile n’était pas dissous, et qu’ils le continueraient : ce qui eut lieu à Lausanne, en 1449. (Cl.)