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MAXIMILIEN.



MAXIMILIEN.
quarantième empereur.

Vers le temps de l’avénement de Maximilien à l’empire, l’Europe commençait à prendre une face nouvelle. Les Turcs y possèdent déjà un vaste terrain ; les Vénitiens, qui leur opposent à peine une barrière, conservaient encore Chypre, Candie, une partie de la Grèce, de la Dalmatie. Ils s’étendaient en Italie, et la ville de Venise seule valait mieux que tous ces domaines. L’or des nations coulait chez elle par tous les canaux du commerce.

Les papes étaient redevenus souverains de Rome, mais souverains très-gênés dans cette capitale ; et la plupart des terres qu’on leur avait autrefois données, et qui avaient toujours été contestées, étaient perdues pour eux.

La maison de Gonzague était en possession de Mantoue, ville de la comtesse Mathilde, et jamais le saint-siége n’a possédé ce fief de l’empire, Parme et Plaisance, qui ne leur avaient pas appartenu davantage, étaient entre les mains des Sforces, ducs de Milan. La maison d’Este régnait à Ferrare et à Modène. Les Bentivoglio avaient Bologne ; les Caglioni, Pérouse ; les Polentini, Ravenne ; les Manfredi, Faenza ; les Rimario, Imola et Forli ; presque tout ce qu’on appelle la Romagne et le patrimoine de saint Pierre était possédé par des seigneurs particuliers, dont la plupart avaient obtenu aisément des diplômes de vicaires de l’empire.

Les Sforces, depuis cinquante ans, n’avaient pas même daigné prendre ce titre. Florence en avait un plus beau, celui de libre, sous l’administration, non sous la puissance des Médicis.

L’État de Savoie, encore très-resserré, manquant d’argent et de commerce, était alors bien moins considéré que les Suisses.

Si des Alpes on jette la vue sur la France, on la voit commencer à renaître. Ses membres, longtemps séparés, se réunissent, et font un corps puissant.

Le mariage d’Anne de Bretagne avec Charles VIII achève de fortifier ce royaume, accru sous Louis XI de la Bourgogne et de la Provence. Elle n’avait influé en rien dans l’Europe depuis la décadence de la race de Charlemagne.

L’Espagne, encore plus malheureuse qu’elle pendant sept cents années, reprenait en même temps une vie nouvelle. Isabelle et